La visite a été effectuée, plus exactement au lieudit « Tabourt T’varnoust (Crête) » où il a constaté de visu la destruction, la veille, de l’énorme bâtiment devant abriter les services de la gendarmerie nationale. Dès leur arrivée sur les lieux, M. Bouaziz Aït-Chebib et son collaborateur, ont approché les citoyens lesquels ont manifesté une grande joie de pouvoir enfin parler à une autorité qu’ils ont toujours considéré comme légitime, à savoir le MAK.
18/09/2012 – 00:01 mis a jour le 18/09/2012 – 00:08 par Saïd Tissegouine
Dès les présentations faites, un climat de grande confiance s’est installé entre les deux parties. C’est à la lumière de cette discussion que nous-mêmes avons appris que ne voulant même entendre parler de la gendarmerie, ce corps de sécurité honni en Kabylie, la population locale, notamment celle du village d’Azrou Bar, dépendant administrativement de la commune de Mizrana, lasse de ses nombreuses mises en garde contre la construction d’édifices de cette nature (brigade de gendarmerie nationale) a décidé, hier en milieu d’après-midi, de passer à l’action laquelle s’est traduite par la destruction et le saccage pur et simple du bâtiment symbolisant à leurs yeux l’oppression et l’iniquité dans toute leur dimension.
Le spectacle s’offrant à l’oeil moins de vingt-quatre heures après les faits indique que la population n’y est pas allée avec le dos de la cuillère dans son geste de révolte. En effet, les plafonds ont été arrachés. Idem concernant fenêtres, portes, leviers de cuisine, lavabos et tant d’autres éléments faisant l’ensemble constructif. De ce qui devrait être un jour des guérites, il n’en reste que des trous béants. Il faut reconnaître que même les légendaires troupes de Gengis Khan ou d’Attila n’auraient pas fait mieux. Certains murs et la vaste cour portent encore les traces de feux. L’énorme amas de cendres renseigne fort bien que d’importants objets ont été brûlés par les manifestants. Devant l’entrée principale du chantier en ruine, c’est-à-dire au bord de la route menant vers le village d’Azrou Bar, la bétonnière ayant servi à la préparation du mortier s’est retrouvée renversée. Ceci indique que ni la construction, ni les outils de construction n’ont été acceptés par la population. Pour avoir une idée précise de la destruction du bâtiment, nous vous suggérons, amis lecteurs, de vous référer aux photos que nous avons prises sur le terrain. A noter qu’une fois alertées de la mobilisation citoyenne, les autorités se sont vite dépêchées sur les lieux pour tenter une négociation avec les insurgés. Hélas, ça n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau. En effet, le wali de Tizi-Ouzou s’est déplacé sur les lieux de la révolte avec ce qu’il a appelé « une commission ». N’empêche que le premier commis de l’Etat de la wilaya de Tizi-Ouzou et sa commission se sont faits accompagner de policiers en nombre dépassant celui de la norme protocolaire en matière sécuritaire.
Idem concernant les chefs des daïrates de Tigzirt et Makouda. Les deux sous-préfets se sont fait accompagner non seulement par beaucoup de policiers mais aussi par les chefs de sûreté des deux daïrates en question. Nonobstant cette « soudaine » volonté de mener des négociations, aucune de ces trois commissions n’a été écoutée. C’est une fin de non recevoir pour les trois. Quant aux militaires qui, pourtant, assuraient le barrage fixe au niveau de l’intersection de la RN 7I et la RN 72, soit juste à quelques mètres des lieux de la grande opération de la destruction du bâtiment destiné à accueillir les services de la gendarmerie, nos interlocuteurs nous ont affirmé qu’ils ne s’y sont pas du tout mêlés. Nos lecteurs doivent savoir tout d’abord que la décision d’implantation de ce bâtiment sur ce site lequel a été construit avec une rapidité « vertigineuse » a été diaboliquement réfléchie. En effet, le site sur lequel est implanté l’édifice se trouve à la limite sud de la commune de Mizrana. Il suffit juste de traverser la route (la RN 7I) pour être sur le territoire communal de Makouda. D’ailleurs, tout au long du bord de la route, du côté du territoire de Makouda, sont dressées des constructions l’une à côté de l’autre. Il y a surtout des épiceries et des cafés maures. Dans l’esprit du concepteur de ce projet donc lequel est facilement psychannalisable, les citoyens de Makouda ne pouvaient pas s’opposer à la construction d’une brigade de gendarmerie puisque son lieu d’implantation ne leur appartenaient pas. En ce qui les concerne, les citoyens de Mizrana ne pouvaient trouver à redire puisque la brigade en question se trouvait loin de leurs habitations. C’était vraiment mal connaître les Kabyles.
En effet, ni les citoyens de Makouda ni les citoyens de Mizrana n’ont voulu de tout ce qui symbolise la gendarmerie, encore moins donc une brigade de gendarmerie. Comme un seul homme donc, les citoyens des deux communes se sont mis hier en milieu d’après-midi à l’action. Le mot d’ordre des révoltés : pas de gendarmes en Kabylie. L’autre élément à connaître également est que les citoyens de Mizrana ont adressé à plusieurs reprises une requête aux autorités pour faire de ce bâtiment une structure de santé, élément qui manque atrocement pour cette région. Un centre de santé à Tabourt T’tvarnoust servirait formidablement bien aussi bien les citoyens de Mizrana que ceux de Makouda et Boudjima. Au niveau de cette dernière commune, il existe un centre de santé, mais en réalité il n’a de santé que l’appellation. Et pour tout dire, c’est un centre de santé « malade ». A Makouda, il existe également un centre de santé mais cela fait presque deux ans depuis qu’il est fermé, et d’une façon officielle, pour travaux. En réalité, cela fait plus de 5 ans que le centre de santé de Makouda a cessé de prodiguer des soins. Si ce n’est pas la grève du personnel médical, c’est le manque de produits ou outils indispensables à prodiguer des soins aux patients. La situation était si délicate et si récurrente que les parents ont fini par orienter leurs malades vers d’autres structures sanitaires, plus exactement vers celles de Tizi-Ouzou ou Tigzirt. A Boudjima, c’est la même attitude et le même réflexe chez les parents de patients. Quant aux citoyens de Mizrana, ils choisissaient naturellement la polyclinique de Tigzirt en cas de nécessité médicale.
En somme donc, une polyclinique ou même un centre de santé à Tabourt T’varnoust sera beaucoup plus rentable et beaucoup plus bénéfique pour les populations qu’une brigade de gendarmerie. Hélas, les calculs du pouvoir d’Alger obéissent à une autre logique. Alger est allé même jusqu’à créer et encourager l’insécurité en Kabylie pour justifier le retour des gendarmes. Ceci est contraire aux intérêts du peuple kabyle. Le résultat de la politique aventuriste d’Alger est, par conséquent, entièrement responsable des millions de DA de dégâts enregistrés, hier en milieu d’après-midi, à Tabourt T’varnoust.
Pire encore, il n’y a ni brigade de gendarmerie ni centre de santé. Autrement dit, l’argent du contribuable a été emporté par le vent. Enfin, nos lecteurs doivent savoir que la Carte Nationale d’Identité Kabyle (CIK) a enthousiasmé la population de Mizrana et Makouda.
En effet, dès que le président du MAK a exhibé la sienne pour s’identifier auprès de ses interlocuteurs, ceux-ci ont aussitôt demandé à avoir la leur dans de plus brefs délais. « Puisque nous sommes en pleine autodétermination, il est nécessaire et urgent pour nous d’avoir notre authentique pièce d’identité », a entendu M. Bouaziz Aït-Chebib de la bouche de ses interlocuteurs. Avant de quitter Tabourt N’tvarnoust, le Président du MAK a rassuré la population que « le MAK leur assurera toujours un soutien des plus indéfectibles dans leurs actions pour l’honneur et la dignité ».
Addenda : Le bâtiment devant abriter les gardes communaux lequel se trouve toujours à bord la RN 7I, soit juste à une centaine de mètres environ après le barrage fixe militaire en allant vers Boudjima, a été également saccagé par la population. Ce bâtiment en question est implanté sur un terrain agricole, à l’instar d’ailleurs de celui destiné à accueillir le bâtiment de la gendarmerie. En clair, ni géographiquement, ni la nature des terrains, les sites choisis pour accueillir le béton ne répondent aux normes de construction d’édifices publics. La politique d’Alger continue de ruiner la Kabylie.
Said Tissegouine Lien: http://www.tamurt.info/retour-sur-les-lieux,2945.html?lang=fr